Le Barbier de Séville mêle satire des faiblesses de l’homme en proie à des désirs irrépressibles et prouesses musicales. L’histoire est celle de Rosina, retenue prisonnière par son tuteur le docteur Bartolo qui veut épouser la jeune fille afin de conserver sa dot. Mais Rosina est amoureuse du Comte Almaviva. Ensemble et grâce à la complicité de l’ancien valet d’Almaviva, Figaro, que Bartolo a engagé comme barbier, ils vont tout tenter pour se rapprocher. Sérénades, duos, et ensembles éclaboussent la comédie de leurs ribambelles de vocalises et de leurs pitreries verbales. Pour autant, le génie de Rossini tient à cet art physique du crescendo, destiné à faire monter la tension, jusqu’à ce que le public trépigne et explose.
Tout en conservant l'insolence et la légèreté de ce chef-d’œuvre de l’opéra bouffe italien, Pierre Thirion-Vallet livre l’adaptation moderne d’une œuvre indémodable, et nous offre une mise scène au « look fifties ». Dans des décors kitschs très années 50 et une Rosina aux allures de Brigitte Bardot, Pierre Thirion-Vallet donne une belle liberté de jeu aux chanteurs tout en gardant une grande exigence sur le plan vocal. Le personnage central de cette comédie qui n’est autre que Rosina nargue les hommes depuis sa prison dorée, sûre de la force de son caractère et de la supériorité de son sexe. Dans cet opéra, des hommes autour d’une femme, à l’assaut d’une femme : on chante sous son balcon, on fanfaronne avec peignes et ciseaux, on tempête toujours plus fort qu’on est plus faible, on mime la calomnie qui rampe, on escalade des échelles immatérielles pour femme imprenable...
Distribution
- Mise en scène : Pierre Thirion-Vallet
- Direction musicale : Gaspard Brécourt
- Le Comte Almaviva : Guillaume François
- Figaro : Gabriele Nani
- Rosina : Eduarda Melo
- Bartolo : Leonardo Galeazzi
- Basilio : Federico Benetti
- Berta : Anne Derouard
- Fiorillo et un officier : Jean-Baptiste Mouret
- Décors : Frank Aracil
- Costumes : Véronique Henriot
- Lumières : Véronique Marsy
Production Centre Lyrique Clermont-Auvergne - Reprise avec chœur et orchestre Opéra Eclaté
Presse
Les sixties siéent bien au Barbier de Séville, qui se situe à une époque où les jeunes filles n’ont pas encore leur mot à dire, tout en commençant à montrer leurs griffes, et où les costumes sont aussi pimpants que la musique de Rossini ! De ce postulat, Pierre Thirion-Vallet propose une mise en scène à la fois intelligente et vive. Dans un premier temps, le décor de Franck Aracil, qui représente la maison de Bartolo, transformée en une sorte de supérette où l’on retrouve tout le bric-à-brac des trente glorieuses, postes de radio, fers à repasser et autres inventions modernes, paraît bien lourd à gérer, et oblige les scènes de rue à se dérouler devant un rideau fermé. De plus, l’idée d’enfermer Rosine dans un poste de télévision géant pourrait faire craindre un certain statisme. Il n’en est rien, grâce à l’inventivité d’une direction d’acteur précise, habile, qui tire bon nombre de situations vers un burlesque de bon aloi. Catherine Scholler – resmusica.com