Version de Prague, avec les récitatifs chantés remplacés par des dialogues parlés.
Note de mise en scène d’Éric Perez
J’aimerais un Don Juan jeune, très jeune.
Jeune, beau et violent.
La jeunesse de Don Juan peut surprendre, elle effraie.
Un Don Juan joueur, irrespectueux, insolent, agressif.
Un Don Juan brûlant d’un désir dévastateur, il brûle très vite, très fort, il le sait, il ne veut surtout pas se consumer lentement, tristement.
Le plaisir, le désir, la flamme, le sexe dressé si fier qui défie l’ordre, la morale, l’amour, l’innocence.
Le sang coule très vite dans les veines de ce jeune homme.
Vite avant qu’il ne soit trop tard !!
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« Allez, allez à manger et à boire avant de souper avec ce froid commandeur, après lequel, il n’y a plus que l’enfer, l’enfer de la vieillesse, en attendant l’autre. »
La peur de la vieillesse a saisi Don Juan, elle le pétrifie, il la refuse en brûlant, en piétinant tout sur son passage.
La peur du conformisme, de la tiédeur, de la frustration. La frustration, c’est l’enfer.
La frustration, c’est cette main glacée du commandeur Qui l’entraînera vers le renoncement, le regret, la fin... Quelle horreur !!! J’aimerais un spectacle cru, charnel, sans concession. D’une pureté aveuglante où les corps se déchirent, se désirent.
Tout commence par une agression, un viol, un meurtre. Tout commence par des cris, des larmes, du sang.La violence, violence verbale, physique, morale. La violence de la jeunesse, le viol de la jeunesse. Des femmes sont trompées, trahies, bafouées. Nous entendons leurs cris, leur rage.Ces femmes sont jeunes, elles aussi, jeunes et brûlantes de désir.J’aimerais un spectacle blanc et pur.
Pur comme la passion, comme l’acier chauffé à blanc. Blanc comme un clair de lune qui dévoile la face cachée de nos êtres tièdes, trop tièdes, le feu blanc de la lune qui nous réchauffe de désir, d’amour.
L’amour d’une belle nuit plus claire que le jour.
Une nuit que Don Juan nous invite à partager pour ne plus avoir peur.
Note de mise en place du décor, Patrice Gouron
Éléments, étalage, inventaire, stock, fourbi, collections ordonnées désordonnées, constituées de costumes de contes, de fourberies, de tragédies, de comédies ; aux couleurs théâtrales, rouge baiser, rouge cramoisi, rouge carmin, magenta, sang et feu, un bain de rouge tel un rideau qui s’échafaude comme un jeu de cartes qui ébranlera et dévoilera des regards sur la blancheur virginale de ces protagonistes.
Distribution
- Metteur en scène : Eric Perez
- Direction Musicale : Dominique Trottein
- Décors / Costumes : Patrice Gouron
- Lumières : Guillaume Hébrard
- Chef de chant : Elisabeth Brusel
- Assitant à la mise en scène : Damien Lefèvre
- Don Juan (en alternance) : Christophe Gay
- Don Juan (en alternance) : Philippe Estèphe
- Leporello : Xiaohan Zhai
- Donna Anna : Marlène Assayag
- Donna Elvira : Carol Garcia
- Zerlina (en alternance) : Marion Tassou
- Zerlina (en alternance) : Julie Mathevet
- Masetto : Julien Fanthou
- Don Ottavio : David Ghilardi
- Commandeur : Jean-Loup Pagésy
Création au Festival de St Céré 2013. Coproduction avec l'Opéra de Massy et en collaboration avec l'Archipel - Scène Nationale de Perpignan
Presse
« Chez ce Don Juan, la séduction ne baigne pas vraiment dans la volupté. Ce scorpion profite de la moindre faiblesse de sa proie pour lui coller un grand coup de queue. Et, quand s’annonce le châtiment divin, il ne se fait pas bravaches comme dans les versions académiques, mais carrément tête à claques. Christophe Gay qui campe un insupportable fils à papa, et Xiaohan Zhai nous plonge dans un «Orange Mécanique» mozartisé. Marlène Assayag met son timbre exceptionnel au service d’une Donna Anna lacrymale.
Âmes sensibles, s’abstenir »
(Alain Guédé – Le Canard Enchaîné – 13 août 2013)
« De blanc vêtus, les protagonistes sont jeunes, les héros d’une violence animale. Le décor, un praticable où sont accrochés des seyants costumes polychromes du XVIIIe siècle avant de devenir un sombre cimetière parsemé d’échelles de bibliothèque – et d’une table de festin –, laisse l’action se déployer avec clarté. La direction d’acteurs est bien réglée, la distribution dominée par les femmes : Carol Garcia, Elvira de velours, Marion Tassou, rayonnante Zerlina ; Marlène Assayag de braise aux coloratures solides. Côté hommes, Jean-Loup Pagésy impressionne en Commandeur, Xiaohan Zhaï en Leporello. »
(Bruno Serrou – la Croix – 8 août 2013)
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« Eric Pérez ne lésine pas sur les moyens : il y va franco. Comme les surtitrages ne sont prévus ni dans la forteresse de Castelnau, ni dans la fruste Halle des sports où une violente tornade a contraint artistes et public à se réfugier, les récitatifs en feront office : raccourcis et traduits en français ils donnent à l’ensemble un côté opéra-comique. Et, ô surprise, cela marche ! Un vrai miracle que seuls permettent la qualité des chanteurs, leur engagement scénique et le travail millimétré effectué en amont par le metteur en scène et son parfait complice le chef Dominique Trottein qui connaît son Mozart sur le bout des doigts.
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Tout cela fonctionne à merveille grâce à une distribution d’une rare homogénéité. Le Don Juan de Christophe Gay est d’une incroyable présence scénique marchant à la mort la fleur au poignard, talonné par un fabuleux Leporello chinois, Xiaohan Zhaï, dont vous n’avez pas fini d’entendre parler. Les trois dames (Marlène Assayag, Carol Garcia et Marion Tassou) sont parfaitement à leur place, panache en plus. Julien Fanthou (Masetto), David Ghilardi (Ottavio), et Jean-Loup Pagésy (le Commandeur) sont au diapason.»
(Jacques Doucelin – concertclassic.com – 9 août 2013)
« Dans la lignée de « La Flûte enchantée » (2009 et 2012), d’ « Eugène Onéguine » (2011), Eric Pérez fait le pari de la jeunesse, du dépouillement (via les décors de Patrice Gouron), de la pureté (c’est son mot). Quelques touches de provoc sensuelle pour donner le goût de la chair. Et ça marche !
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Dans le rôle-titre, Christophe Gay fournit sa gueule d’ange au cours d’une chevauché mortifère éperdue. [...] Xiaohan Zhaï fait un Leporello étonnant presque sans accent. On nous dit qu’il y a trois mois encore il ne parlait pas le français. Marlène Assayag donne de l’ampleur à Donna Anna. »
(François Cazals – La Dépêche – 8 août 2013)