NINAClaron McFadden

Durée : 1h

Alliant musique et performance, Nina est un hommage à la vie de la chanteuse, pianiste, écrivaine et militante des droits civiques Eunice Kathleen Waymon, alias Nina Simone. Accompagnée d'un "auto-piano", la soprane et interprète américaine Claron McFadden en livre un portait saisissant, entre reprises de chansons légendaires, prises de positions politiques et confidences intimes.
Grace à un travail sonore remarquable, l'artiste se laisse habiter par la présence de Nina Simone et illustre, avec grâce, la singularité de sa voix telle une "empreinte sonore" restituée au plateau... Créant l’effet d’une "superposition fantasmatique".
À la croisée de la technologie et de la magie, Nina offre une expérience surréelle à la redécouverte de Nina Simone, de sa force de caractère et son esprit créatif, de la tension poétique à la lutte pour les droits des femmes et des Afro-Américain∙nes, en passant par ses fragilités et blessures les plus intimes.

PROGRAMME

Nina Simone, Macfarlane Gregory Anthony Mackey, James Shelton, Bob Dylan, Screamin' Jay Hawkins, John Jacob Niles...

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NOTE D'INTENTION

"La soprano et interprète américaine Claron McFadden, maintes fois récompensée, dresse un portrait mimétique complet de l'artiste Nina Simone. S'appuyant sur des documents audio, des interviews radiophoniques et télévisées, ainsi que sur des discours publics, Claron McFadden utilise la technique de l'hétérodirection (jeu à distance), un élément central de la poétique de Fanny & Alexander. Grâce à cette technique, elle s'immerge dans la voix de Nina Simone, témoignant des diverses manifestations de la force de son caractère et de son esprit créatif. Ce voyage englobe les moments les plus marquants de la trajectoire de Nina Simone, de la tension poétique à son plaidoyer pour les droits des femmes et des Afro-Américain·nes [...].

La technique de l’hétéro direction

Pendant la performance, l’interprète porte des oreillettes qui lui permettent d'écouter la voix originale enregistrée et la reproduit simultanément par imitation. Cette condition apparemment dystopique – où le temps de la performance s’aligne sur le rythme de l’enregistrement dans les oreilles – libère l’interprète de toute pensée liée à la mémoire, lui permettant de canaliser toute son énergie dans cette reconstitution. La voix originale se transforme en timbre [...]. L’interprète doit alors créer un espace pour la rencontre avec cette entité étrangère qui la traverse et résonne en elle, exigeant une concentration particulière qui rappelle la méditation.

Le Festival de jazz de Montreux 

En 1976, Nina Simone a donné un concert mémorable au Festival de jazz de Montreux, en Suisse. Une prestation largement saluée et facilement accessible sur YouTube. Au cours de ce concert, la musicienne emblématique a démontré une irrésistible envie de se connecter avec le public, brisant les limites du rituel de concert typique. Assise au piano, Nina Simone commençait souvent à jouer, pour ensuite s’interrompre, interagissant directement avec le public sans filtre. Elle quittait son tabouret de piano, traversait la scène, revenait au piano, commençait à chanter, s’interrompait une fois de plus, se lançait dans la danse, dévoilant ses émotions dans un état de transe et de grâce particulière. Dans Nina, nous partons de ce moment précis, de cet incroyable espace de liberté qu’elle a forgé lors de son concert. Nous plongeons dans son univers intime, explorant ses pensées politiques, les blessures de ses dernières années, sa colère, sa douleur, son énergie et son amertume. Ce voyage intègre des reconstitutions musicales de ses chansons, passant sans heurts d’un engagement direct du public à des moments suspendus de musique pure.

Nina Simone / Claron McFadden

Nina Simone n’était pas seulement une musicienne extraordinaire ; elle est devenue une figure emblématique de son époque. Elle a laissé des portraits photographiques très intenses d’elle-même qui parlent et révèlent beaucoup d’elle. En collaboration avec le photographe italien Enrico Fedrigoli, nous avons réalisé une série de portraits mettant en scène Claron McFadden, méticuleusement inspirés des prises de vue originales de Simone. Cette série se lance dans un voyage qui relie harmonieusement le passé et le présent, l’essence de l’identité originale et sa manifestation contemporaine".

J’ai commencé à entendre davantage parler d’elle lorsque je suis arrivée en Europe. [...] J’ai été immédiatement intriguée par son identité, mais c’est sa musique qui m’a toujours touchée, encore à distance. Il y a quelques années, j’ai entendu une interview dans laquelle elle disait qu’elle voulait être la première pianiste noire de l’histoire de l’Europe, et elle a dit (je la cite maintenant) : « Je voulais être la première pianiste de concert noire américaine, j’aurais été heureuse, je ne suis pas heureuse maintenant ». Cela m’a touchée au plus profond de mon être, et je n’ai plus jamais entendu ce qu’elle disait de la même manière à partir de ce moment-là.

Claron McFadden