Adolescent, j'ai été fasciné par Un amour qui ne finit pas. Cette comédie reste à part dans l'œuvre abondante et bigarrée de cet auteur avec une fantaisie sophistiquée mais aussi une certaine mélancolie.
Roussin nous raconte l'histoire de cet homme lunaire à la recherche de l'amour idéal qui veut aimer une femme pour lui seul, sans qu'elle participe à cet amour.
Ce héros curieux dit qu'il ne veut pas la prendre parce qu'il veut la garder.
Il veut "entrer en amour comme d'autres entrent en religion", on songe à Paul Claudel.
Le propos est à la fois féroce et élégant, on songe à Beaumarchais.
Roussin expose les règles du jeu dans un prologue acidulé (comme dans un opéra baroque) puis la tragi-comédie se dessine et se termine par un épilogue insolent et drolatique tout en sublimant les quiproquos burlesques et les coups de théâtre métaphysiques.
L'auteur tord le cou à la comédie de boulevard et bouscule les repères du bonheur bourgeois. L'écriture apparemment légère devient inquiétante, on songe à Harold Pinter.
Aujourd'hui, le discours de Roussin sur l'amour platonique résonne étrangement et avec le temps la langue raffinée révèle une certaine poésie.
Les amants imaginaires dialoguent sans se voir, on songe à Pirandello.
Esthétiquement, il faut mettre en abîme le charme visuel des années 60 baigné dans la musique savante et précieuse d'Henri Sauguet.
Pour incarner ce texte, j'ai la chance d'être entouré de fortes personnalités sachant manier avec audace la dérision et capables d'affirmer la sensibilité à la fois pudique et ludique d'André Roussin.
Michel Fau
Bande annonce du spectacle
Distribution
- Mise en scène, comédien : Michel Fau
- Comédienne : Léa Drucker
- Comédienne : Pascale Arbillot
- Comédien : Pierre Cassignard
- Comédienne : Audrey Langle
- Décors : Bernard Fau
- Costumes : David Belugou
- Joël Fabing
- Maquillage : Pascale Fau
- Assistant mise en scène : Damien Lefèvre
Production Théâtre de l’Œuvre et Théâtre Montansier Versailles - Avec le soutien du Festival de Théâtre de Figeac
Presse
Le Figaro.fr – mai 2015« Michel Fau, en compagnie de Léa Drucker, Pierre Cassignard et Pascale Arbillot, réhabilite en beauté une comédie d'André Roussin qui dépasse par son sujet et le brio de son dialogue les conventions du genre. »
Le Point – mai 2015
« Michel Fau orchestre un quatuor ivre, enchaînant les tableaux surréalistes et souvent effrayants. La quête d’amour bourgeoise devient machine folle. La scène où Roger, le mari virtuellement trompé, débarque chez notre héros armé d’un pistolet est un summum de drôlerie – un instant de vaudeville parfait.
Au jeu ultra-lunaire de Michel Fau (Jean) répond celui, explosif, de Léa Drucker (Germaine), forcément sublime en bourgeoise « choucroutée » et calculatrice.
Le théâtre illuminé de Michel Fau gomme les facilités du texte, détourne son côté misogyne, teinte d’opale les éclats de rire. Il magnifie le boulevard, en le tirant vers la farce noire, qui dit les maux cachés de la bourgeoisie. »
Les Echos.fr – 19.05.2015 - Philippe Chevilley
« Quiproquos, subterfuges, chassés- croisés, bons mots, tout l’attirail de la comédie se déploie sous la plume d’un André Roussin inspiré. Chaque spectateur reconnaît forcément cet élan, ce vertige où Michel Fau le précipite. La salle applaudit à tout rompre. »
Le Canard Enchaîné – mai 2015
TT« Merci à Michel Fau de la faire réentendre, et surtout d'avoir dirigé les excellents comédiens — Léa Drucker (surtout), Pascale Arbillot, Pierre Cassignard et Audrey Langle — avec la pointe d'excès et de théâtralité nécessaire à faire rayonner le texte dans ses noirceurs cachées et son comique tout en larmes. »
Fabienne Pascaud – 29 mai 2015