Beaucoup de compositeurs célèbres de Mozart à Schönberg ont réorchestré et adapté des œuvres de leurs prédécesseurs… Schönberg a ainsi réalisé une superbe orchestration réduite du Chant de la terre de Gustav Mahler. C’est dans cette lignée que les deux compositeurs américains Riehn et Klaus Simon ont réalisé une adaptation pour orchestre de chambre des Kindertotenlieder et de la Symphonie n°4. Ces deux œuvres majeures de Mahler pour lesquelles le compositeur emploie une voix de mezzo-soprane ont été créés la même année 1901. Deux œuvres fondamentalement différentes de part leur contenu et leur contexte d’écriture.
Les Kindertotenlieder sont composés de cinq lieder pour voix et orchestre extraits du recueil éponyme de Friedrich Rückert écrit en 1833-34 après le décès de deux de ses enfants. La 4ème Symphonie est quant à elle écrite alors que Mahler est de retour à Vienne, ville qu’il aime tant. Cette joie se retrouve dans la composition musicale de l’œuvre qui peut être parfois jugée comme un interlude entre deux symphonies car plus joyeuse et simplifiée mais il n’en est rien dans l’analyse approfondie de la partition dont les textes sont extraits du recueil Des Knaben Wunderhorn de Achim von Arnim et Clemens Brentano.
KINDERTOTENLIEDER
Les Kindertotenlieder sont composés de cinq lieder pour voix et orchestre, extraits du recueil éponyme de Friedrich Rückert écrit en 1833-34 après le décès de deux de ses enfants.
L’écriture des Kindertotenlieder, publiés en 1905, fit l’objet de tensions entre Gustav Mahler et Alma, qui aurait estimé que son époux provoquait le destin par cette écriture. Lorsque la première fille du couple, Anna-Maria, meurt de la scarlatine en 1907, Alma conçoit à l’égard de Mahler une rancune qu’elle exprimera plus tard : « Je puis bien comprendre que l’on publie de si terribles textes quand on n’a pas d’enfants, ou quand on a perdu des enfants. Mais je ne puis comprendre que l’on puisse chanter la mort d’enfants quand, une demi-heure auparavant, on a serré et embrassé les siens, gais et en santé.».
Le premier des cinq poèmes choisis par Mahler : Nun will die Sonn’ so hell aufgeh’n, présente la mort comme un événement concret et récent, fruit d’une terrible nuit qui s’achève sous un soleil levant.
Le second, Nun seh’ ich wohl, warum so dunkle Flammen voit le parent se remémorer le regard brûlant que lui portait son enfant, regard dont l’éclat semblait avertir l’aïeul de son départ imminent vers la source de toute lumière. Dans le suivant, Wenn dein Mütterlein, le père, constatant le retour à la maison de sa femme, ne tourne pas son regard vers elle, mais plutôt vers l’espace que devrait occuper sa défunte fille dans un tel instant. Le quatrième, Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen, introduit une note d’espoir : si le parent songe d’abord que ses enfants sont simplement partis se promener et seront de retour bientôt, il se console par la suite en se disant qu’ils sont en fait partis au-devant d’eux, là où le jour est beau. Le tumultueux In diesem Wetter apporte d’abord un contraste avec le texte précédent en décrivant l’inquiétude du parent face à l’absence de ses enfants lors d’une tempête, mais conclut sur la certitude de leur bien-être, maintenant protégés de toute tempête par la main de Dieu.
SYMPHONIE N°4
Mahler entame véritablement la composition de la 4ème symphonie en 1899 alors qu’il occupe depuis deux ans le poste de directeur de l’Opéra de Vienne. Il est revenu dans son Autriche et dans la ville de son adolescence. Mahler aborde la composition proprement dite de la Quatrième dans une station thermale assez sinistre à Alt-Aussee, du Salzkammergut. Pris dans les pièges de la pluie et du bruit extérieur, il ne peut laisser monter la sève des idées musicales qui le submergent. En quelques jours, il conçoit l’architecture de l’œuvre, mais ne peut la terminer car déjà se profile le retour à Vienne. L’année suivante, en 1900, Mahler trouve un lieu propice, Maiernigg, en Carinthie. En attendant l’achèvement de sa villa, Mahler s’est déjà fait construire en pleine forêt, un «Häuschen» réservé à la composition. Le déclic se produit et il termine son œuvre en trois semaines, le 6 août 1900.
La 4ème Symphonie n’est pas qu’un aboutissement et synthèse de ce que Mahler avait composé jusqu’alors. Elle est tout autant plaque tournante et point de départ. Par rapport aux trois premières symphonies, toujours plus longues et comprenant à chaque fois un mouvement de plus, elle raccourcit et allège. Elle revient au nombre traditionnel de quatre mouvements.
1. Bedächtig. Nicht eilen. Recht gemächlich.
2. In gemächliger Bewegung. Ohne hast.
3. Ruhevoll (Poco adagio).
4. Sehr behaglich. [le poème Das Himmlische Leben].
Écrite pendant l’une des période les plus joyeuses et fertiles du compositeur, la joie se retrouve dans la composition musicale de l’œuvre qui peut être parfois jugée comme un interlude entre deux symphonies car plus joyeuse et simplifiée mais il n’en est rien dans l’analyse approfondie de la partition dont les textes sont extraits du recueil Des Knaben Wunderhorn de Achim von Arnim et Clemens Brentano.
(sources : scena.org, esprits nomades.com, guide de la musique symphonique chez Fayard)
Distribution
- Direction musicale : Gaspard Brécourt
- Chant : Diana Axentii
- premier violon : Ludovic Passavant
- violon : Pauline Dangleterre
- alto : Stéphanie Blet
- violoncelle : Lionel Allemand
- contrebasse : Alice Hocquet
- flûte : Thomas SAULET
- Hautbois : Valérie Liebenguth
- clarinette : Nicolas Fargeix
- clarinette : Francis Prost
- basson : Loic Chevandier
- cor : Karim Strahm
- percussions : Samuel Domergue
- piano : Thibault Maignan
Symphonie N°4 (version Klaus Simon, Universal)
Kindertotenlieder (version Riehn, Universal)
Production : ScénOgraph - Scène Conventionnée Théâtre et Théâtre Musical - Figeac / Saint-Céré - Opéra Éclaté